Jeudi 14 avril - 4e convoi GSF - Départ direction la France

Jeudi 14 avril - 4e convoi GSF - Départ direction la France

Toute l'équipe de ce convoi se réveille en pleine nature. Un grand bol d'air qui fait beaucoup de bien après les heures et les heures de route de la veille. Une partie de l'équipe est bien reposée, mais pour le quatuor Elisa, Noël, Philippe et Juliette arrivés très tard à l'hôtel hier, le café est essentiel... Hier soir ; car nous sommes arrivés très tard ; nous ne pouvions bien discerner l'environnement dans lequel nous étions tant le noir de la nuit était épais. Mais là c'est magnifique.

Nous sommes tout excités de rencontrer les petites familles que l'on va convoyer aujourd'hui. Nous savons que certaines sont logées dans le même hôtel que nous. Dés que l'on voit passer une frimousse au détour d'un couloir, nous nous demandons alors si c'est l'une d'elle qui prendra bientôt la route avec nous.

Les voici qui arrivent. Ils seront 18 du groupe de Archidiecezją Przemyską à se joindre à nous pour rentrer en France. Ces familles ont l'air apaisées par rapport à ceux que l'on rencontre d'habitude. Celles-ci ont pu être accueillis dans la région par des Polonais qui les ont sortis des camps et les enfants sont déjà tout sourire.

Nous apprenons que des familles qui devaient partir avec nous se sont désistées. Cela arrive fréquemment qu'ils puissent changer d'avis et nous le comprenons complètement. Les réfugiés hésitent à s'éloigner de leur pays, nombreux sont ceux qui espèrent vite y revenir. Pour beaucoup leurs hommes sont coincés là-bas, leur papa, leurs ainés, leurs proches, toutes ces personnes qui leur sont chères.

Peut être que ces désistements sont aussi dûs au fait que c'est la première fois que nous créons un partenariat avec cette structure et qu'il faut plus de temps aux familles pour nous donner leur confiance. Ils ont besoin que les premiers partent en éclaireurs et qu'ils rassurent ceux restés sur place qui ont encore trop peur de se lancer dans cette traversée.

Deux minibus sur quatre peuvent alors prendre la route. Les deux autres vont se rendre ailleurs pour trouver le reste de leur équipage.

Les deux véhicules en attente de familles à convoyer partent pour Przemyśl. Plusieurs gros centres de réfugiés  se trouvent dans les environs. Nous commençons par aller à la frontière, dans le camp de Medyka. Nous pensons que peut-être des familles qui viendraient de la franchir seraient heureuses que l'on puisse les réceptionner dès leur arrivée en Pologne.

Mais nous recevons alors un appel, des familles voulant partir pour la France nous sont signalées dans le centre de Tesco (gros bâtiment qui accueille plus de 1 000 personnes sur des lits de camps et leur offre de la nourriture). C'est plutôt bien organisé par là-bas, même si bien sûr la procédure met énormément de temps... Ils sont très méfiants et vérifient nos documents plusieurs fois. Il y a quelques jours, un bus se prétendant appartenir à une ONG est parti avec des familles et n'a plus donné de nouvelle depuis... Les autorités les recherchent activement, les bénévoles sont dévastés et extrêmement inquiets. 

Nous ne leur en voulons alors pas de vérifier et revérifier nos documents. Nous comprenons. Il est difficile de savoir à qui l'on peut faire confiance ici. Nous même sommes confrontés au même problème. L'attente pour l'enregistrement à Tesco nous laisse l'occasion de faire plus ample connaissance avec 3 femmes déjà prêtes à partir avec nous. L'une d'elle est étonnamment très calme et organisée. Elle s'absente trente minutes, s'engouffre dans ce grand hangar qu'est Tesco et en ressort avec un sac rempli de victuailles pour la route ! Génial, on a déjà le pic-nique. Elle vient de Crimée cette dame, elle n'en est pas à son premier déplacement...

Quelques petits autotests Covid plus tard, nous sommes autorisés à récupérer des personnes au centre de Tesco. Notre ONG est finalement approuvée par les autorités et les coordinateurs de ce centre. Nous rencontrons donc les familles qui se joindront à nous.

Un mini bus sur les deux qui restent a trouvé ses passagers et repart ; mais pour Noël et Philippe, il faudra patienter encore. Mais on nous signale que s'ils peuvent attendre jusqu'à demain, des familles qui s'apprêtent à franchir la frontière sont intéressées pour se joindre à eux et trouver refuge en France.

Regardez un peu cette tablée ! Une jeune maman et ses 5 enfants, une autre avec le sien et nos supers chauffeurs qui ont dû vivre un trajet bien animé...